De nombreux lecteurs ou amis me posent régulièrement cette question :
« De la bande-dessinée, des nouvelles, un roman très « social », bientôt un thriller… Mais ton genre, c’est quoi? »
Très sincèrement, me glisser dans un genre qu’il soit humoristique, noir, social, policier ad vitam me fait froid dans le dos. L’idée même me donne la sensation de me glisser dans le linceul de la création.
Mais, dans notre monde tout marketing, la question du genre n’est pas dénuée de sens. Untel fait du polar, tel autre fait de la comédie romantique… Ça a le mérite d’être clair dans l’esprit du lecteur/consommateur qui, confortablement, peut choisir en toute connaissance de cause tel ou tel auteur.
Pour ma part, je ne parviens pas à trouver un genre qui me convient plus qu’un autre. Plus précisément, tous me conviennent.
Car ce que je trouve passionnant dans le fait d’écrire, c’est justement de se confronter à des genres radicalement nouveau. Et sans doute est-ce là la traduction d’un travers de mon esprit, je trouve d’autant plus excitant de se plonger dans des univers qui nous sembleraient contre nature.
Aussi je n’exclue pas le fait, un jour, d’écrire une comédie romantique ou quelque chose du genre. Bien évidemment, je sais d’avance quelle tournure prendra comédie. Car je commence à connaitre mes obsessions.
De mon point de vue, écrire, et plus généralement créer, c’est s’expérimenter. C’est expérimenter ce que l’on est en confrontant son style, sa nature même à de nouveaux univers.
Cela m’évoque l’expérience de sapeur-pompier. Chaque homme connait ses manœuvres sur le bout des ongles, mais chaque intervention sera unique et différente de la précédente. C’est bien ce qui vous fait gicler l’adrénaline dans le système.
Plus tempérée, la perspective de se glisser dans l’univers d’un nouveau genre, est presque similaire. La question qui vous hante est aussi toujours la même. J’ai beau avoir acquis une certaine forme de maîtrise (mais maîtrise-t-on jamais quoique ce soit?), serai-je à la hauteur cette fois-ci?
Car écrire c’est se mettre en danger, en remettant en cause son style à chaque nouveau bouquin. Prendre le risque de se casser la figure du toit, de ne pas anticiper suffisamment tôt le flash-over.
A l’image de la souris verte que l’on trempe dans l’huile ou dans l’eau, prenez un style trempez le dans un genre, ça fera… On verra bien. 🙂